On dit parfois que la vie n’est pas toujours un jardin de roses. Des moments désagréables, ça arrive. C’est la façon dont on réagit à ces moments-là qui compte et qui détermine la suite. Ce que Bruny Surin a fait du moment qu’il a vécu à Atlanta lui a permis de devenir un champion olympique. Les Roses de Montréal FC s’apprêtent maintenant à vivre leur moment à elles, déterminées à écrire une nouvelle page d’histoire pour le soccer féminin au Québec.
On a longtemps dit du soccer que c’est le sport qui connaissait la croissance la plus rapide au Canada. La première ligue professionnelle féminine au pays compte actuellement sur la participation de deux des Olympiens canadiens les plus rapides de l’histoire et ce, dans deux des plus importants marchés de la Super Ligue du Nord.
Surin a été le deuxième sprinteur à voir son implication comme investisseur dans un club de la SLN être annoncée, après celle d’Andre De Grasse, détenteur de sept médailles olympiques et de deux titres de champion olympique qui s’est joint au groupe de propriétaires de l’AFC Toronto. Cependant, le médaillé d’or d’Atlanta 1996 insiste pour dire que dans les faits, il a été le premier à franchir la ligne d’arrivée.
« Je savais que Toronto discutait avec Andre et j’ai dit à Jean-François [Crevier], ‘tu dois m’annoncer en premier, je suis le plus vieux’ », lance Surin en riant, se disant par ailleurs heureux d’avoir une rivalité amicale au soccer avec De Grasse étant donné qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de s’affronter sur une piste d’athlétisme.
C’est un autre sport de balle qui a amené Surin à s’intéresser au dossier du soccer féminin à Montréal. À l’occasion de la Conférence Hors Pair sur l’équité des genres présentée par Tennis Canada en 2023, l’Olympien a appris que Montréal allait accueillir un des clubs fondateurs de la SLN.
« Aussitôt que je l’ai su, je me suis dit, ‘eh bien, il faut que je m’implique’ », raconte Surin, indiquant qu’il est immédiatement allé voir Charmaine Crooks, qui occupait alors le poste de présidente de Canada Soccer, pour obtenir plus de détails sur les plans pour fonder le club montréalais.
« J’adore le soccer. J’ai joué au soccer quand j’étais jeune. J’ai deux filles, donc j’ai toujours cherché à favoriser l’égalité des genres et à les encourager à faire tout ce qu’elles voulaient faire dans le sport. »
Surin ne savait pas trop de quelle façon il pourrait contribuer au projet mené par Jean-François Crevier et Isabèle Chevalier, mais dès qu’il s’est assis avec Crevier pour en discuter, il savait qu’il voulait se retrouver à ses côtés à la ligne de départ.
« Je connaissais Isabèle depuis des années, mais je ne savais pas qu’ils étaient partenaires quand quelqu’un m’a mis en contact avec Jean-François. Après avoir passé cinq minutes avec lui, je savais qu’ils tenaient là quelque chose de spécial et nous avions la même vision des choses sur la nécessité d’aligner une équipe dans cette ville », affirme Surin.
« Pour moi, c’était tout naturel de jouer mon petit rôle dans le cadre du projet de la SLN à Montréal en tant qu’investisseur et ambassadeur du club. »
Chevalier et Crevier, les fondateurs du club et des entrepreneurs qui ont bien réussi dans le monde des affaires à Montréal, ont vite mis sur pied une équipe de gestion composée de personnes qui ont eu du succès à des postes de direction dans les deux sports nommés football.
Annie Larouche a été embauchée au poste de présidente du club en juin, forte de ses 25 années d’expérience dans la LCF avec les Alouettes de Montréal et, plus récemment, dans le rôle de présidente de l’Alliance de Montréal de la Ligue élite canadienne de basketball (LECB). Toujours en juin, le club a aussi embauché l’ancienne internationale française Marinette Pichon à titre de directrice sportive. Sélectionnée 112 fois au sein de l’équipe nationale féminine de France, Pichon a marqué plus de 300 buts au fil d’une carrière de 16 ans comme joueuse dans son pays d’origine, puis aux États-Unis. Une fois à la retraite, Pichon a rejoint les rangs de l’équipe de direction du Paris FC, où elle a contribué à bâtir une formation qui, maintenant, aspire régulièrement à une participation à la Ligue des Championnes de l’UEFA.
Depuis qu’il a pris sa retraite de l’athlétisme, Surin s’est impliqué à plusieurs niveaux, notamment dans les domaines de la mode et de la politique. En 2024, il a aussi été chef de mission d’Équipe Canada aux Jeux olympiques de Paris.
« On ne pouvait pas avoir la première ligue de soccer professionnel féminin au Canada et ne pas avoir une équipe au Québec, dit-il. J’étais très content de voir la communauté des affaires à Montréal être aussi ouverte à ce projet, des gens que je connaissais déjà pour la plupart et avec qui j’avais travaillé dans d’autres projets. »
L’autre avantage qu’ont les Roses FC, c’est d’être une équipe bilingue qui pourra profiter d’une couverture médiatique en français, où on traitera le club comme un fleuron national, et aussi d’une couverture en anglais, de la part d’un groupe très passionné de médias qui tournera les projecteurs vers le club comme il le fait pour les autres concessions sportives de Montréal.
« Les médias ici savent comment endosser nos équipes sportives. Quand Isabèle et Jean-François ont annoncé ce qu’ils allaient faire, on les a vus partout. Tout le monde parlait de la SLN et ça, c’est tellement important quand tu n’es pas les Canadiens. Il faut susciter la curiosité des gens. Avec le soccer, il suffit de peu pour que les gens s’y intéressent. Maintenant que le club a un nom et un logo, vous allez vraiment voir Montréal adopter les Roses FC », affirme Surin.
« Je veux que tout le monde à Montréal et au Québec affiche son soutien. Les Roses FC sont notre club dans cette toute nouvelle et très importante ligue. C’est quelque chose de très spécial. Ça n’arrive pas souvent que des occasions aussi remarquables se présentent dans la vie. »
L’Olympien sera parmi les milliers de spectateurs qui seront sur place pour assister au match d’ouverture des Roses de Montréal FC, le printemps prochain, et il a hâte de voir la vitesse à laquelle la ville tombera en amour avec le soccer professionnel féminin.